Projet
industriel et utopie sociale : le Familistère Godin à GuiseL'oeuvre de Godin
Jean-Baptiste-André
Godin naît en 1817 à Esquéhéries, petit village de l'Aisne situé
à 20 km au nord de Guise. Fils d'un modeste artisan serrurier, il
doit très tôt apprendre le métier paternel malgré son ambition de
suivre des études supérieures.
Dans
sa jeunesse, ouvrier, il découvre par lui-même les effets néfastes
du libéralisme économique sur la valeur du travail ; il prend
conscience de la "question sociale" - la pauvreté des
classes populaires dans le bouleversement de l'industrialisation.
1840 Premier
brevet pour la fabrication de poêles en fonte de fer substitué à
la tôle.
1846 Transfert
à Guise de la manufacture de poêles pour favoriser
l’approvisionnement en matières premières et l’écoulement de
la production.
1849 Début de la
construction du familistère. Il s'agit d'un Palais social destiné à
accueillir les familles d'ouvrier et à leur offrir le confort
moderne. Ce Familistère est une véritable communauté avec ses
règles de vie.
1880 Création de
l’Association coopérative du Capital et du Travail, Société du
Familistère de Guise Godin & Cie. L'entreprise et le Palais
Social n'appartiennent plus à Godin mais à l'ensemble des
"familistériens".
La stratégie industrielle de
J.-B. Godin
L'acte
fondateur de Jean-Baptiste-André Godin est d'utiliser la fonte de
fer plutôt que la tôle de fer pour la construction de poêles. Les
appareils ont un pouvoir calorifique supérieur, ils sont robustes et
bon marché. Conscient de la valeur technologique et commerciale de
cette substitution, Godin protège aussitôt son invention par un
brevet. La seconde découverte fondamentale consiste dans
l'application des émaux aux objets en fonte, dont les procédés
sont brevetés en 1851. Poêles et cuisinières "Godin" ne
sont plus seulement des appareils efficaces mais aussi des meubles
décoratifs. La stratégie industrielle de Godin ne se résume pas à
la protection légale, parfois illusoire, de ses multiples inventions
(il détient une cinquantaine de brevets en 1873). Il affronte la
concurrence - vive dans le nord et l'est de la France ainsi qu'en
Belgique - en plaçant la production de la manufacture sous le signe
de l'innovation. Le contrôle de la qualité, la diversification et
l'adaptation aux besoins des clientèles sont des constantes de la
manufacture jusqu'au milieu du XXème siècle.
Des
investissements importants sont consentis au XIXme siècle pour la
mécanisation de la chaîne de fabrication. Les installations de
moulage mécanique permettent d'augmenter la production dans des
proportions considérables. L'usine de Guise fabrique 100 appareils
en 1850 et 100 000 en 1882 ! L'écoulement de cette production est
assurée par un réseau commercial très développé soutenu par la
publicité.
Description de L'usine
Des
ateliers spécifiques pour le moulage, l’émaillerie, l’ajustage
et le montage, la menuiserie ou l’emballage couvrent bientôt une
superficie importante (3 hectares en 1880). Les bâtiments et la cour
d’entrée de l’usine se situent désormais dans l’axe du pont
construit sur l’Oise pour rejoindre le Familistère élevé sur
l’autre rive. Les ateliers sont de simples halles aux murs de
brique, blanchis à la chaux à l’intérieur, avec charpente en
bois et couverture à deux versants percés d’ouvertures. A mesure
qu’augmente le nombre de machines à vapeur productrices d’énergie,
le ciel au-dessus de l’usine se hérisse de hautes cheminées
fumantes. A partir de 1900, une voie ferrée contourne les ateliers à
l’est et au nord pour l’approvisionnement en matières premières
et le transport des produits manufacturés jusqu’à la gare de
Guise.
Le projet social et politique de
Godin
Ne
pouvant faire un palais de la chaumière ou du galetas1 de
chaque famille ouvrière, nous avons voulu mettre la demeure
de l'ouvrier dans un palais. Le Familistère, en effet, n'est pas
autre chose, c'est le Palais Social.[...]
Le
capital peut, avec profit, élever des palais au travail et créer la
commune sociétaire, comme il a régénéré, avec profit, les moyens
de transport, en créant les chemins de fer, ces voies nouvelles de
circulation qui profitent à tous.
L’industrie
moderne a changé, par le salariat, la condition du travailleur en
créant le travail libre ; l’industrie future doit réaliser, par
l’association, l’émancipation de l’ouvrier, en l’appelant au
bien-être et à la propriété collective.
J.-B.
Godin, Solutions sociale, 1871
1
:
logement misérable
Les logements :
Les
logements du Familistère sont à double rang de chambres : les unes
ayant vue sur la cour intérieure, les autres sur les façades
extérieures ; cette disposition permet la ventilation complète de
l’appartement.
Les
planchers des galeries, ainsi que ceux des appartements, sont
carrelés, afin de se prêter à une propreté plus facile, et de
donner moins d’accès à l’incendie.
Tous
les appartements sont plafonnés, et les murs dressés avec soin sont
le plus souvent badigeonnés à la chaux ; c’est un moyen facile de
renouveler la propreté dans l’intérieur du logement ouvrier et
d’assainir sa demeure.
Le
palais social, placé près de l’atelier, permet à l’ouvrier de
rentrer dans sa demeure, aussitôt son travail fini sans ajouter une
fatigue nouvelle à la fatigue du travail ; il peut changer de
vêtements si cela lui est nécessaire, et trouver immédiatement le
repos pour réparer ses forces. Ce qui ne peut avoir lieu dans
beaucoup d’établissements où l’ouvrier a de grandes distances à
parcourir pour retourner chez lui.
En
rentrant au Familistère, le père et la mère rencontrent leurs
enfants sortant des écoles, la famille est aussitôt réunie pour le
repas, qu’elle prépare facilement avec les ressources que le
palais lui offre à ce sujet.
J.-B.
Godin, Solutions sociale, 1871
SATOR POWAAAAAAAAAAAA!
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