ICARIE 1847-1856
Icarie est le nom donné à la communauté utopique, fondée en 1847 par le communiste et homme politique Etienne Cabet, à partir de la doctrine établie dans son roman Voyage en Icarie, et qui tente de concrétiser dans la réalité cette simple idée utopie retranscrite dans la littérature, et qui va se heurter a de nombreux obstacles, ignorés alors dans la fiction de cette société idéale d'Icarie, présente dans le roman. Cette réalisation sera longue et pénible mais perdurera pendant quelque années, avant de s'effondrer en 1856, pour divers problèmes que la réalité, contrairement à la fiction, ne pouvait effacer.
Etienne Cabet, créateur et fondateur d'Icarie, est un homme politique français du 19ème siècle, socialiste, et particulièrement communiste. Il tente de faire percer ses idées communistes sans grands succès et publie, en 1842, le roman Voyage en Icarie, récit utopiste d'une société idéale, Icarie, fonctionnant sur des principes égalitaires et communautaires. Ayant reçut une très bonne critique du publique français, il commence a organiser sa propre propagande, en distribuant des cours publiques et des brochures pour vulgariser sa doctrine, il reçut ensuite de nombreuses lettres enthousiastes des lecteurs adhérant à ses idées. Politique aguerri, il continue pourtant sa lutte auprès du gouvernement pour faire triompher ses idées, mais il se fait beaucoup d'ennemis, et raillé et rejeté par tous, il décide de quitter la France et, réunissant ses disciples, il leur exposa son désir d'aller fonder son Icarie en Amérique : " Puisqu'on nous persécute en France, puisqu'on nous refuse tout droit, toute liberté d'association, de réunion, de discussion et de propagande pacifique, allons chercher en Icarie notre dignité d'Homme, nos droits de citoyens et la liberté avec l'égalité ! "
Cabet décide de fonder cette société idéale en reprenant sa doctrine rationnelle et les mêmes principes d'égalités présentés dans son roman. La cité d'Icarie est construite, tout comme la doctrine de Cabet, sur un principe d'égalité parfait ; aussi bien entre les icariens que dans la construction et l'organisation de la cité. Extrêmement bien décrite dans le livre Voyage en Icarie, tout y est ordonné dans une harmonie parfaite, les espaces ruraux s'emboîtant dans les espaces urbains, les quartiers contenant le même nombre de bâtiments, de jardins et d'espaces publiques, de maisons et d'habitants. Tous vivent au même rythme, et travaillent aux même heures. En effet, l'emploi du temps des icariens est strictement réglé, du couvre feu aux heures des repas dans les "restaurants de la République".
Cette société est basé sur le principe fondamental du communisme : pas de propriété privée. Pour être admis en tant que " bon Icarien" il suffit d'adopter pleinement le règlement établi dans l'intérêt général : être laborieux, tempérant, jouir d'une réputation irréprochable et surtout, s'engager à abandonner tout ses biens, sans rien cacher, à la collectivité. L'argent n'existe plus au seins de la communauté, celle-ci s'engage à fournir nourriture, vêtements et logements, gratuitement aux icariens, selon leur besoins, en échange de la participation au travail collectif et aux respects des règles communes. L'Etat est maître de toutes les industries et redistribue équitablement et sans privilèges, à tout les icariens, le fruit de leur labeurs.
L'éducation, le travail et les loisirs sont strictement régis par des principes moraux élevé au niveau de la religion. L'éducation est gratuite et universelle pour les deux sexes. Il n'y a aucune religion d'Etat, en effet la religion, symbole de l'ancienne société a été détruite puis reconstruite sur un nouveau système. Les filles à l'âge de 16 ans, et les garçons a l'âge de 17 ans, reçoivent une éducation religieuse qui leur permet ensuite de choisir vers laquelle des religions ils voudront se diriger ; les sectes sont autorisées, même si elles sont rares. La religion est définie en Icarie par Etienne Cabet comme " un système de morale et de philosophie qui porte les Hommes à s'aimer."
Il existe, dans cette société, une réglementation très strictes du mode de vie et des déplacement des icariens. Le particularisme n'est pas accepté dans la cité d'Icarie ; il serait annonciateur du retour à l'inégalité. Ainsi, le crime et la justice ne sont pas envisageables puisque tous suivent les règles, dans une complète uniformité, principe fondamentale de cette société idéale. Comme disait Etienne Cabet dans Voyage en Icarie " ce système ne peut donc que se reproduire à l'identique s'il ne veut se détruire ". Chacun mange les mêmes produits, porte les mêmes vêtements, dort dans les mêmes lits et utilise les même objets. Cette société est décrite dans le roman comme une société ayant triomphé à la fois de la nature et des ses instincts individualistes. " chacun a sa place et son emploi dans l'atelier de l'univers "
Mais si ces principes semblent très strictes et quelque peut restrictifs, il ne faut pas oublier avant tout que le principe icarien de cette uniformité reste une discipline volontaire, et qu'aucune personne n'est forcée de se soumettre aux règles de la communauté s'il ne le désire pas, et sera toujours libre de quitter la société utopique.
Ces principes de cette Icarie de fiction vont être utilisés lors de la réalisation concrète de cette Icarie, sans tenir compte des modes de vie de chacun et des privations auxquelles seront confrontés les icariens dans les premiers temps de cette utopie. Cabet instaurera des règles très strictes et une uniformisation quasi monacale aux nouveaux icariens, qui jugeront les idées de Cabet trop liberticide. Cette société ne peut compter, contrairement à celle de la littérature, que sur le volontarisme des icariens, qui a pour chacun ses propres limites, et qui ne peuvent réfréner leurs jalousie ou leur envie de particularisme.
En 1847, Etienne Cabet ouvre, 3 rue Baillet, dans les locaux du journal Le Populaire, le "bureau de l'immigration Icarienne" et va y rédiger " L'acte de constitution d'Icarie " . Il réunit des fonds auprès de ses disciples, désireux de se lancer dans la grande aventure d'Icarie, et, sur les conseils d'Owen, humaniste utopiste contemporain de Cabet, il décide d'acheter une terre en Amérique, au Texas, près de la Red River, la ou la terre n'est pas encore trop chère et n'appartient à personne.
Le 3 février 1848, les futurs icariens embarquent à bord d'un bateau, au nombre de 69 colons, dans le port du Havres, en direction de l'Amérique. Après un long et pénible voyage, ils finissent finalement, plein d'espoir, par s'installer à l'endroit initialement prévu. Mais tout ne se passe pas comme ils l'auraient voulu : la terre est peu fertile, affamant très vite les icariens qui n'ont plus de vivre pour subsister, les français sont peu habitués aux paysages américains et l'environnement est hostiles, et une épidémie de choléra se propage rapidement à travers toute la colonie. Une grande partie des colons abandonnent donc l'idée de cette utopie qui leur paraît désormais trop chimérique, et la population icarienne s'en retrouve diminué fortement. Etienne Cabet, jusqu'alors resté à Paris, a vent de la catastrophe et s'embarque aussitôt pour le Texas. Arrivé sur place, il remet rapidement les choses en ordre et décide de déplacer la colonie dans un nouvel endroit pour véritablement fonder son Icarie. Les colons icariens se dirigent donc vers la Nouvelle-Orléans et s'installent finalement dans une ancienne cité mormons, Nauvoo, en Illinois.
Là-bas, la terre est plus fertile, et remotivés par l'arrivé du fondateur de l'utopie la communauté commence à véritablement s'installer. Celle-ci se construit lentement et prospère jusqu'en 1850, où Etienne Cabet est obligé de retourner en France, accusé par certains anciens icariens de détournement de fonds. Dès lors, les icariens semblent ne plus s'entendre, et le chaos s'installe dans la communauté, séparant les habitants d'Icarie en plusieurs partis opposés.
Etienne Cabet retourne une nouvelle fois en Amérique, où il expose son programme et se fait nommé Président de la Communauté pendant 6 ans, le temps que celle-ci se construise et s'organise, conformément à la doctrine icarienne établie. La Constitution de la Communauté Icarienne est quelque peu modifiée (cf. constitution de la communauté icarienne ).
La communauté semble prospérer pendant quelque années, jusqu'en 1856, lors des nouvelles élections, où les idées fondatrices de Cabet sont jugées trop liberticide, et où il est lui même considéré comme un tyran. La communauté se sépare alors en deux, les opposants d'Etienne Cabet, désireux d'élire un nouveau chef et ceux qui le soutiennent.
Après cet événement catastrophique, la société se sépare totalement et se forment plusieurs groupes, tous se revendiquant icariens, et tentant par de nouveaux principes moins stricts de reformer une communauté a l'image de leur propre utopie. Quelque unes semblent subsister jusqu'à la mort d'Etienne Cabet, le 9 novembre 1856, où toutes les utopies s'écroulent. Les derniers icariens soutenant les idéologies de Cabet vont alors demander la dissolution officielle d'Icarie à la cour de Carthage ( Illinois), marquant la fin de ce rêve utopiste qu'était Icarie. Cabet avait été battu, Icarie avait vécu.
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