dimanche 29 janvier 2012

La Dystopie

«Les utopies apparaissent comme bien plus réalisables qu’on ne le croyait autrefois. Et nous nous trouvons actuellement devant une question bien autrement angoissante : comment éviter leur réalisation définitive ?… Les utopies sont réalisables. La vie marche vers les utopies. Et peut-être un siècle nouveau commence-t-il, un siècle où les intellectuels et la classe cultivée rêveront aux moyens d’éviter les utopies et de retourner à une société non utopique, moins parfaite et plus libre
  Citation de Nicolas Berdiaeff, philosophe russe du XXème siècle. Il s'agit de l'épigraphe qui introduit l’œuvre Le Meilleur des mondes. Elle cloue au pilori l’utopie et invite les intellectuels à l’éviter pour échapper au piège idéologique qu’elle tend, c'est à dire dériver vers la dystopie. Une dystopie,  ou contre-utopie est une forme de récit de fiction se déroulant dans une société imaginaire dont les défauts y sont dénoncés. Cette société est organisée de telle façon qu'elle empêche ses membres d'atteindre le bonheur, elle est souvent associée à des régimes totalitaires tels que le nazisme, le fascisme ou le bolchévisme stalinien. La dystopie s'oppose à l'utopie : au lieu de présenter un monde parfait, la dystopie propose une société des pires qui soient. La différence entre dystopie et utopie tient moins au contenu qu'à la forme littéraire et à l'intention de son auteur. En effet on constate que nombres d'utopies positives peuvent se révéler effrayantes.
  En fiction, la Dystopie est un reflet d'une société, jugée imparfaite par l'auteur. Par une caricature de celle-ci accentuant ses défauts, voire en se projetant dans le futur il veut révéler au public ce qui, selon lui sera l'aboutissement de cette société. Les dystopies ont pour but de critiquer la société actuelle. Cela peut être fait par le biais de son gouvernement, de son économie, d'une manipulation de masse, d'une dénonciation de  l'aveuglement de la population... 
  Nous étudierons à l'aide de deux œuvres de fiction dans quelles mesures les dystopies de fiction tentent à corriger notre société.
  La première de ces œuvres est Le Meilleur des mondes (Brave New World) d'Aldous Huxley, il s'agit d'un roman d'anticipation paru en 1932. C'est une projection dans l'avenir de la société selon son auteur. Dans cette société, la reproduction sexuée telle qu'on la conçoit a totalement disparu ; les êtres humains sont tous créés en laboratoire, les fœtus y évoluent dans des flacons, et sont conditionnés durant leur enfance pour adhérer à une hiérarchie sociale, à des émotions préconçus et à des décisions régies par une volonté de productivité de la société dans des perspectives de reproduction des individus comme des loisirs. Le Meilleur des mondes dénonce les méfaits de l’utopie en tant que conceptualisation fausse et assujettissante.
  La deuxième œuvre est Metropolis, un film expressionniste réalisé en 1927 par le réalisateur Autrichien Fritz Lang, le film est muet et en noir et blanc. Il présente Metropolis, la cité de l'avenir gouvernée d'une main despotique par Joh Fredersen. La ville est divisée en deux secteurs : la partie haute, la ville des maîtres où vit la haute société, et la partie basse, où résident des ouvriers qui assurent le fonctionnement de la cité.

  Tout d'abord, nous étudierons comment sont instaurées les hiérarchies dans ces deux sociétés et surtout, l'homme étant l'élément central d'une société quelle qu'elle soit, nous verrons quelles sont les conséquences de ces hiérarchies sur les individus de ces sociétés.
  Dans Le Meilleur des mondes, la société est divisée en sous-groupes, des castes, allant des Alphas aux Epsilons, en fonction de leurs capacités intellectuelles et physiques. L'appartenance à l'une de ces castes ne doit rien au hasard : ce sont les traitements chimiques imposés aux embryons qui les orientent dans l'un des sous-groupes plutôt qu'un autre, influençant leur développement. Dans Metropolis, la position dans l'échelle sociale est clairement due à l'origine sociale, il n'est pas question d'ascension sociale par l'éducation. Cette scission est marquée l'architecture même de la ville :  la partie haute où vivent les familles dirigeantes entourées de magnifiques jardins verdoyants, lieu de résidence d'une minorité de privilégiés qui vivent dans le luxe et le divertissement. La partie basse elle, est la grouillante et crasseuse ville des travailleurs, où survivent des ouvriers qui assurent le fonctionnement de la cité.
  Dans les deux cas, les hiérarchies sont nettes et ne laissent aucun espoir à l'individu de s'élever dans l'échelle sociale, chacun doit être à sa place pour une productivité maximale. Pour que les "petites gens" acceptent cette pression, la société a recours à des procédés qui paraissent immoraux afin d'accentuer la portée critique de l’œuvre. Dans le roman d'Huxley, les sous-groupes coexistent avec harmonie et sans animosité, chacun étant ravi d'être dans le groupe où il a été placé. Et pour cause, des méthodes hypnopédiques (répétitions de leçons orales durant le sommeil) conditionnent le comportement de chacun dès le plus jeune âge. La sexualité est détournée pour n'être que récréative et étouffer dans l'œuf les passions amoureuses, celles-ci étant clairement source de tensions (jalousie, possessivité), et donc à bannir de cette société. De plus, l'administration distribue une drogue parfaite, sans effet secondaire appelée soma. Cette drogue a pour effet d'empêcher les habitants d'être malheureux, elle agit comme un anxiolytique.  Dans Metropolis, les ouvriers sont exploités, tout leur temps est consacré au travail dans des usines soumis à des machines avilissantes. Par ce fonctionnement, les individus n'ont pas de possibilité de rébellion, leur vie est entièrement régie par des machines sans autre perspective d'existence. Dans les deux œuvres, les populations sont dans l'aliénation la plus totale, elles sont ancrées dans un mode de vie dont elles ne peuvent s'extirper. Ainsi, dans ces deux exemples de sociétés, les hiérarchies créent des inégalités, c'est donc le fonctionnement même de la société qui limite les libertés des individus et leur empêche un bonheur personnel et/ou collectif.


  L'acceptation de la pression de la société est totale de la part des masses dans ces deux fictions. Cependant, dans ces deux œuvres ressurgissent des individus isolés qui s'opposent aux dites sociétés. Nous verrons comment ces individus se révoltent contre la morale, mais aussi la façon dont la société réagit à cette agression.
  Dans Le Meilleur des mondes, l'évocation d'un enfant né par la suite d'une relation sexuelle apparaît comme vulgaire. John a grandi dans une réserve de "sauvages", il est donc né de façon naturelle, après la grossesse de sa mère devenue dépressive car venant de la société "civilisée". Il est cependant érudit et cite Shakespeare (faisant partie des vieilles civilisations) de nombreuses fois. Lorsque John va à la rencontre de son père et le nomme comme tel : il crée un scandale. Le simple mot de "père" est considéré comme ordurier. John tente de communiquer aux gens qu'il rencontre ce que signifie les passions. Il explique qu'elles font partie intégrante de l'existence de l'homme, que c'est un besoin d'éprouver la souffrance, l'amour, le pêché, la bonté, le mal, la liberté ; toutes ces émotions qui humanisent les individus paraissent incompréhensibles dans cette société où ses membres sont dans l'aliénation constante. John apparaît donc comme un sujet de distraction, un événement sensationnel récréatif pour la population "civilisée". Metropolis, met en scène Maria, issue du milieu ouvrier, elle prend elle-même conscience de la condition de ses proches. Elle essaye de promouvoir une entente entre les classes et attend l'arrivée d'un médiateur qui apportera l'égalité. Elle tentera de faire découvrir la ville haute à des enfants de la ville basse clandestinement mais se fait repousser par les forces de l'ordre. Elle veut réellement faire changer les choses en étant active auprès des travailleurs. Son impact est limité par l'aliénation des ouvriers mais avec l'aide du fils du dirigeant de la ville, Freder Fredersen, son espoir d'améliorer leur condition devient accessible.
  Ces individus à part qui refusent la société telle qu'elle est sont isolés et sont donc minimes face à la puissance de ces régimes dictatoriaux. Ces régimes qui ne peuvent accepter aucun débordement pour le bon fonctionnement de la société prennent donc des mesures radicales pour éviter tout risque éventuel. Dans le film de Fritz Lang, les ouvriers se rendent compte de leur condition grâce à Maria. La société choisit donc d'utiliser l'image de la jeune femme, figure de la révolte, en fabriquant un robot à son effigie qui sèmera la terreur dans la ville basse. La science fabriquée par les hommes est utilisée pour mieux les contrôler. La copie de Maria est stoppée et le film se termine par l'aboutissement d'un vrai dialogue entre les différentes classes, c'est-à-dire un dialogue sociale entre ouvriers et dirigeants. On observe un vision optimiste du réalisateur ici qui envisage comme une possibilité les changements dans une société. Aldous Huxley au contraire nous montre une société avec des mesures plus radicales et plus subtiles contre les éléments perturbateurs. En effet, lorsque John arrive dans la ville, les dirigeants le laissent agir comme bon lui semble pour que les gens ne se posent pas de question sur son éventuelle disparition. En revanche, lorsqu'un individu adopte un comportement "antisocial" il est reconditionné de façon à éviter tout débordement. De plus, les individus ayant un "individualisme forcené" sont bannis dans un no man's land car ils n'adhèrent pas à la "civilisation". Toute personne trop résistante à l'acceptation du système est donc rejeté, exclut de la société. John au contraire choisit de partir, de s'isoler, ne supportant plus le monde "civilisé", c'est la société elle-même qui le suit, fascinée par ce qu'elle ne peut comprendre. Il veut avoir vécu et choisit de se rendre dans les bois pour s'imprégner de l'essence même de la vie, il choisira de mourir plutôt que de vivre en acceptant cette pression. Le "Meilleur des mondes" parvient à résister à toutes tentatives de remise en question de la société : 
  "- Le monde est stable à présent. Les gens sont heureux; ils obtiennent ce qu'ils veulent, et ils ne veulent jamais ce qu'ils ne peuvent obtenir. (...) Ils sont conditionnés de telle sorte que, pratiquement, ils ne peuvent s'empêcher de se conduire comme ils le doivent. Et si par hasard quelque chose allait de travers, il y a le soma."
 L'auteur nous montre un monde où l'aliénation est si présente qu'il paraît in-envisageable de le critiquer, les habitants sont convaincus que leur vie a un sens et qu'ils sont heureux. C'est sur ce point qu'il critique notre société, il reflète notre mode de vie basé sur un perpétuelle besoin de consommation et dénonce la déshumanisation de la société passant par la banalisation des passions et la volonté d'éliminer toutes les frustrations éprouvées par les individus. La société proposée est un véritable compromis ayant son parti prix politique : Il propose une société où tout le monde est heureux sans moment de déception, permettant ainsi une meilleure productivité et un meilleur contrôle sur les masses ; mais cette société choisit également de supprimer tout comportement perturbateur et donc efface les défauts humains en les droguant.

  L'impact de ces dystopies sur notre société est difficile à déterminer. Nous devons en premier lieu savoir où se trouve la frontière avec cette contre-utopie, pour mieux pouvoir éviter de tendre vers la dystopie qui aveugle les masses pour contrôler l'ensemble de ses citoyens. En effet, les vrais changements ne peuvent avoir lieu qu'après une révolte comme on peut l'observer dans notre histoire mais aussi, et plus certainement, par une prise de conscience collective, un élan populaire choisissant de vivre autrement. L'individu doit donc rester au centre de la réflexion sur le mode vie de la collectivité. Cependant, comment la société se défendrait-elle contre un abandon et un rejet général ?

jeudi 26 janvier 2012

brouillon d'introduction

bon voila ce que j'ai rédigé pour l'introduction sur le moment, c'est pas super bien organisé, vu que je crois bien que je répond a la question avant de l'avoir poser et que je suis super lourde avec l'annonce du plan, qui est mal définie. enfin bref, comme je galère un peu, regarder et dites moi ce qu'il faut que je change de place ou que je réécrive et si vous avez des idées pour l'annonce du plan bah ... ce serait cool !


" Ils ne savaient pas que c'était impossible, alors ils l'ont fait " disait Mark Twain, cette phrase résume bien l'idée populaire que l'on se fait de l'Utopie. En effet, L'utopie peut avoir plusieurs sens, tout d'abord l'utopie est considérée comme un idéale, politique ou sociale, qui ne tient pas compte de la réalité, on l'associe souvent au sens de chimérique ou d'imaginaire. L'utopie est aussi un genre littéraire a part entière, qui s'est développer entre le XVII et le XVIII siècle, et qui retrace un récit d'un voyage ou de la description d'une société idéale.  Et malgré que ces sens soit juste, l'utopie n'est pas seulement un objet de fiction mais bel et bien une réalité : plusieurs fois au cours de l'Histoire, une simple idée s'est vu devenir concrète et aboutir finalement a la création d'une nouvelle société, loin de toutes organisations sociétaires alors établies. Ces communautés furent considérées comme un échec ou non, mais virent au moins le jour, et personne ne put nier leur existence. 
La frontière entre "imaginaire" et "idéale" n'a jamais vraiment été définie, en effet, le mot "utopie" vient du grec "u" que l'on peut traduire par "non" et de "topos", signifiant "lieu", utopie devrait donc, littéralement, signifier "non-lieu". Cependant, utopie pourrait provenir d'une autre racine grecque, soit "eu" qui voudrait dire " idéale", et donc cette fois-ci, signifierait "lieu idéale". Dans le premier ouvrage ou figura le mot "utopie", l'île "d'utopia" sera tantôt appelée "utopia" ou "eutopia", soulignant encore une fois l'ambiguïté du sens premier de ce mot. 
Depuis que l'Homme sait penser, il a toujours rêvé d'un monde meilleur ; et ce monde meilleur, c'est l'utopie. L'utopie a toujours été présente dans la conscience humaine, même si la première trace littéraire ne se retrouve qu'au III ème siècle après Jesus-Christ, dans La République de Platon. Cet ouvrage traitait d'une société idéale, de la justice de la cité où tout les citoyens auraient tout en commun. Cette idée ne portera le nom "d'utopie" qu'en 1516, avec le roman Utopia de Thomas More, humaniste anglais du XVI siècle. C'est dans cette oeuvre qu'est présenté la première cité idéale imaginaire, nommée tantôt "utopia" tantôt "eutopia" et qui inspira ensuite nombre d'oeuvres et d'idéologies. 
Dès lors, l'idée d'utopie est reprise et déclinée par de nombreux philosophes et humanistes sous bien des formes durant les siècles. En passant par la littérature dite, utopique, permettant aux auteurs de prendre de la distance par rapport au présent, et ainsi de le critiquer par le biais d'une oeuvre de fiction sans risquer la censure, dans le courant du XVIIe et XVIIIe siècle ; puis par la création de nombreuses communautés indépendantes se revendiquant utopiques et fondées sur des principes égalitaires au XIXe siècle, dont le plus bel exemple reste encore les phalanstères, concept inventé par le philosophe Jean-Baptiste André Godin, ainsi que sa dérivation du Phalanstère de Guise, création de Charles Fourier, que nous étudierons plus tard, tout comme la communauté utopique d'Icarie d'Etienne Cabet ; Le communisme du XXe  siècle se transformant peu à peu en régime totalitaire est aussi un bon exemple d'utopie concrète, tout comme le nazisme d'Hitler peut être considéré comme une dystopie (utopie caractérisée par ses idéologies liberticides et dangereuses pour l'Humanité), enfin les communautés hippies des années 70, bien que souvent prises à la légère, sont, elles aussi considérées comme des réalisations d'utopies ; Le concept utopique est encore présent de nos jours, à moindre échelle cependant, par la présence de petit regroupement communautaire en marge de la société capitaliste qu'ils critiquent et préfèrent quitter comme "Rainbow Family" ou encore, le grand ensemble d'Auroville, qui est un formidable exemple d'utopie réalisable et réalisée, et qui subsiste encore aujourd'hui et ne fait que croître par son ouverture d'esprit et ses idéologies pacifistes. L'utopie à donc été, au coeur de la littérature tout comme au coeur de l'Histoire, un formidable rêve, qui a tenter de se réaliser, parfois avec succès. 
Mais l'utopie est-elle un simple objet de fiction ou une réalité historique ? 
Comme dit précédemment, l'idée utopique a toujours existé au coeur de la conscience humaine et s'est traduite par de nombreuses oeuvres littéraires et filmographiques, mettant en scène des sociétés idéales où tout ne serait que bonheur et harmonie mais qui, malheureusement, ne peuvent rester que chimériques, puisqu'elles ne tiennent pas compte de la réalité et de la nature imparfaite de l'Homme. 
Cependant, certaines personnes décidèrent par la suite, inspirés de ces oeuvres, de faire passer l'utopie de la simple idée à une réalité concrète, par de nombreux procédés que nous verrons par la suite. 
Ainsi certains projets aboutir à la créations et a l'existence de certaines communautés qui, pour certaines, survécurent pendant un temps limités et d'autres, durent toujours ; nous verrons en quoi nous pouvons parler de réussite de la création utopique. 


BULLE

Petite aide pour toi Bulle un lien sur ce qu'il faut faire précisément pour une introduction ce qui pourrait te donner une base pour y placer tes éléments : 
http://www.melissa.ens-cachan.fr/IMG/pdf/RedigerIntroduction.pdf
=> ce lien est plutôt pas mal

Projet industriel et utopie sociale : le Familistère Godin à GuiseL'oeuvre de Godin
Jean-Baptiste-André Godin naît en 1817 à Esquéhéries, petit village de l'Aisne situé à 20 km au nord de Guise. Fils d'un modeste artisan serrurier, il doit très tôt apprendre le métier paternel malgré son ambition de suivre des études supérieures.

Dans sa jeunesse, ouvrier, il découvre par lui-même les effets néfastes du libéralisme économique sur la valeur du travail ; il prend conscience de la "question sociale" - la pauvreté des classes populaires dans le bouleversement de l'industrialisation.
1840 Premier brevet pour la fabrication de poêles en fonte de fer substitué à la tôle.
1846 Transfert à Guise de la manufacture de poêles pour favoriser l’approvisionnement en matières premières et l’écoulement de la production.
1849 Début de la construction du familistère. Il s'agit d'un Palais social destiné à accueillir les familles d'ouvrier et à leur offrir le confort moderne. Ce Familistère est une véritable communauté avec ses règles de vie.
1880 Création de l’Association coopérative du Capital et du Travail, Société du Familistère de Guise Godin & Cie. L'entreprise et le Palais Social n'appartiennent plus à Godin mais à l'ensemble des "familistériens".


La stratégie industrielle de J.-B. Godin
L'acte fondateur de Jean-Baptiste-André Godin est d'utiliser la fonte de fer plutôt que la tôle de fer pour la construction de poêles. Les appareils ont un pouvoir calorifique supérieur, ils sont robustes et bon marché. Conscient de la valeur technologique et commerciale de cette substitution, Godin protège aussitôt son invention par un brevet. La seconde découverte fondamentale consiste dans l'application des émaux aux objets en fonte, dont les procédés sont brevetés en 1851. Poêles et cuisinières "Godin" ne sont plus seulement des appareils efficaces mais aussi des meubles décoratifs. La stratégie industrielle de Godin ne se résume pas à la protection légale, parfois illusoire, de ses multiples inventions (il détient une cinquantaine de brevets en 1873). Il affronte la concurrence - vive dans le nord et l'est de la France ainsi qu'en Belgique - en plaçant la production de la manufacture sous le signe de l'innovation. Le contrôle de la qualité, la diversification et l'adaptation aux besoins des clientèles sont des constantes de la manufacture jusqu'au milieu du XXème siècle.
Des investissements importants sont consentis au XIXme siècle pour la mécanisation de la chaîne de fabrication. Les installations de moulage mécanique permettent d'augmenter la production dans des proportions considérables. L'usine de Guise fabrique 100 appareils en 1850 et 100 000 en 1882 ! L'écoulement de cette production est assurée par un réseau commercial très développé soutenu par la publicité.
Description de L'usine
Des ateliers spécifiques pour le moulage, l’émaillerie, l’ajustage et le montage, la menuiserie ou l’emballage couvrent bientôt une superficie importante (3 hectares en 1880). Les bâtiments et la cour d’entrée de l’usine se situent désormais dans l’axe du pont construit sur l’Oise pour rejoindre le Familistère élevé sur l’autre rive. Les ateliers sont de simples halles aux murs de brique, blanchis à la chaux à l’intérieur, avec charpente en bois et couverture à deux versants percés d’ouvertures. A mesure qu’augmente le nombre de machines à vapeur productrices d’énergie, le ciel au-dessus de l’usine se hérisse de hautes cheminées fumantes. A partir de 1900, une voie ferrée contourne les ateliers à l’est et au nord pour l’approvisionnement en matières premières et le transport des produits manufacturés jusqu’à la gare de Guise.


Le projet social et politique de Godin
Ne pouvant faire un palais de la chaumière ou du galetas1 de chaque famille ouvrière, nous avons voulu mettre la demeure de l'ouvrier dans un palais. Le Familistère, en effet, n'est pas autre chose, c'est le Palais Social.[...]
Le capital peut, avec profit, élever des palais au travail et créer la commune sociétaire, comme il a régénéré, avec profit, les moyens de transport, en créant les chemins de fer, ces voies nouvelles de circulation qui profitent à tous.
L’industrie moderne a changé, par le salariat, la condition du travailleur en créant le travail libre ; l’industrie future doit réaliser, par l’association, l’émancipation de l’ouvrier, en l’appelant au bien-être et à la propriété collective.
J.-B. Godin, Solutions sociale, 1871
1 : logement misérable


Les logements :
Les logements du Familistère sont à double rang de chambres : les unes ayant vue sur la cour intérieure, les autres sur les façades extérieures ; cette disposition permet la ventilation complète de l’appartement.
Les planchers des galeries, ainsi que ceux des appartements, sont carrelés, afin de se prêter à une propreté plus facile, et de donner moins d’accès à l’incendie.
Tous les appartements sont plafonnés, et les murs dressés avec soin sont le plus souvent badigeonnés à la chaux ; c’est un moyen facile de renouveler la propreté dans l’intérieur du logement ouvrier et d’assainir sa demeure.
Le palais social, placé près de l’atelier, permet à l’ouvrier de rentrer dans sa demeure, aussitôt son travail fini sans ajouter une fatigue nouvelle à la fatigue du travail ; il peut changer de vêtements si cela lui est nécessaire, et trouver immédiatement le repos pour réparer ses forces. Ce qui ne peut avoir lieu dans beaucoup d’établissements où l’ouvrier a de grandes distances à parcourir pour retourner chez lui.
En rentrant au Familistère, le père et la mère rencontrent leurs enfants sortant des écoles, la famille est aussitôt réunie pour le repas, qu’elle prépare facilement avec les ressources que le palais lui offre à ce sujet.
J.-B. Godin, Solutions sociale, 1871


SATOR  POWAAAAAAAAAAAA!



mardi 24 janvier 2012

Rédaction du II


II_ De l'idée utopique à la réalité

Intro II. Nous étudierons le passage de l'idée utopique à la réalité par le biais de 4 études de cas portant sur 4 communautés différentes, basées sur des idées utopiques totalement hétéroclites à travers leur concrétisation, leur fonctionnement et enfin les raisons des échecs de certaines de ces communautés. Ces quatre communautés ont fonctionné à différentes époques et dans différents pays. Le familistère de Guise fut actif de 1887 à 1968 dans le nord de la France. Auroville a commencé à fonctionner en février 1968 et elle est toujours en activité aujourd'hui. La cité est basée en Inde. Icarie pour sa part fut une communauté plus éphémère que les autres, et ne fonctionna que de 1847 à 1856, en Amérique. La Rainbow familly, quant à elle, est une communauté radicalement différente, sans localisation précise et est active depuis les années 1960. Certaines de ces communautés sont basées sur des œuvres littéraires mais ne remplissent pas tous les critères inscrits dans les livres. Nous allons étudier cette barrière qui sépare la littérature de la réalité à travers différents points, dans lesquels nous reprendrons les déficiences de ces réalisations, dues à l'impossibilité de rendre toutes les personnes habitant dans la communauté uniformes, et à l'incapacité de l'humanité de reproduire une société idéale sans abolir certaines libertés.


A) Processus de concrétisation et fonctionnement des utopies concrètes

Intro A) Le processus de concrétisation de l'utopie est un moment décisif dans la réalisation de la communauté. En effet, c'est à ce moment-là que la simple idée utopique devient une réalité. Lors de ce passage du monde de l'imaginaire à une véritable concrétisation, certains points essentiels dans une utopie peuvent être lésés. C'est la conséquence de l'imperfection de l'humanité.

Notre première étude de cas est portée sur Icarie : nom donné à la communauté utopique, fondée en 1847 par Etienne Cabet,   un homme politique français du 19ème siècle, socialiste, et communiste. Il tente de faire percer ses idées communistes sans grands succès et publie, en 1842, le roman Voyage en Icarie, récit utopiste d'une société idéale  fonctionnant sur des principes égalitaires et communautaires. Ayant reçut une excellente critique du publique français, il continue pourtant sa lutte auprès du gouvernement pour faire triompher ses idées, mais il se fait beaucoup d'ennemis, et, raillé et rejeté par tous, il décide de quitter la France et, réunissant ses disciples, il leur exposa son désir d'aller fonder son Icarie en Amérique : " Puisqu'on nous persécute en France, puisqu'on nous refuse tout droit, toute liberté d'association, de réunion, de discussion et de propagande pacifique, allons chercher en Icarie notre dignité d'Homme, nos droits de citoyens et la liberté avec l'égalité !"
Il se décide alors à concrétiser dans la réalité cette simple idée utopique à partir de la doctrine établie dans son roman,  et qui va se heurter a de nombreux obstacles, ignorés alors dans la fiction. Cette réalisation sera longue et pénible mais perdurera pendant quelque années, avant de s'effondrer en 1856, pour divers problèmes que la réalité, contrairement à la fiction, ne pouvait effacer.

Notre deuxième étude de cas porte sur le Familistère de Guise, crée, lui aussi au 19ème siècle, par Jean-Baptiste André Godin, grand industriel et philanthrope français, en 1858 sur le modèle établie préalablement par Charles Fourier, grand utopiste socialiste et humaniste du XIXe siècle, qui le nomma Phalanstère. L'idée originelle du Phalanstère est la création d'une cité-usine idéale, où les ouvriers peuvent lier le travail et le loisir sans sortir de la cité, vivant en parfaite harmonie avec leurs familles. Le point fort de cette idée étant que malgré la grande part d’aménagement pour rendre la vie des ouvriers simple et agréable, ce fonctionnement permets de garder un certain contrôle sur eux, de les surveiller dans une certaine mesure. Godin réalisa son familistère dans le but d'en faire une cité vraiment idéale pour les ouvriers, travaillant dans son usine et qui regroupe toute l'organisation nécessaire au fonctionnement de son infrastructure et surtout d'une cité autonome. Pour Godin, la dimension de contrôle sur les ouvriers n'est pas d'une importance capitale, il a vraiment tenté de créer une communauté idéale et non un endroit uniquement efficace pour son commerce. Le système utopiste cessa de fonctionner après les reformes établies en 1968. Après 109 ans le familistère fut fermé mais l'usine continua de fonctionner jusqu'en 1991, où l'ensemble de l'infrastructure fut classé «monument historique ».

Auroville, notre troisième étude de cas naît en Inde et date de 1968. La communauté fut créée par le philosophe Indien Sri Aurobindo et sa compagne spirituelle, Mira Alfassa, qui deviendra la Mère adulée par les Aurovilliens. Cette communauté a ses principes centrés sur le yoga et la méditation, le but étant d'accéder à la vérité de l'être et de vivre une expérience intérieure et individuelle afin de découvrir l'homme de demain qu'Aurobindo appelle l'être supra-mental. Sri Aurobindo est un philosophe qui fait partie des ces Indiens révoltés par leurs conditions de vie et c'est à cette occasion qu'il rejoint un groupe de contestataires, et agit pour obtenir l'indépendance de son pays. Ses actions révolutionnaires le conduisent en prison où il changera radicalement sa façon de penser ce qui favorisera la volonté pacifiste de la communauté d'Auroville. En 1926, Mirra Alfassa se voit confier la gestion de l'ashram crée par Sri Aurobindo, qu'elle a rencontré à Pondichéry. Elle dirige ensuite l'ashram qu'elle termine d'organiser. C'est une française, philosophe et reconnue pour ses écrits et son parcours de méditation. Ils partagent leur recherche spirituelle et leurs idéaux.  Elle fonde Auroville en février 1968 à quelques kilomètres de la ville et dirige cette communauté en y consacrant la fin de sa vie, jusqu'à sa mort en 1973. Une adulation particulière de la part des Aurovilliens lui est vouée, elle apparaît comme la figure emblématique de la société pacifique et spirituelle et on l'appelle la Mère. Sa mort bouleverse les membres aurovilliens, elle laisse la communauté sans protection, et la portée utopique elle-même de la cité semblait reposer sur sa fondatrice.

La Rainbow Familly, notre dernière étude de cas, n'est pas une cité mais plutôt un nouveau mode de vie qui contrairement aux autres, n'a pas d'idée de départ précise dictée par une seule idéologie, elle est le résultat d'une prise de conscience collective regroupant des individus de toutes sexualités, ethnies et religions qui décident de suivre cette nouvelle possibilité d'envisager le monde et la vie en générale. Aux États-Unis, dans les années 1960, beaucoup de gens n'étaient plus satisfaits de la vie et la société dans laquelle ils vivaient et ils décidèrent d'essayer un style de vie alternatif. Ils se sont rassemblés afin de vivre dans des communautés un peu partout aux États-Unis. Ces communautés avaient peu de contact les unes avec les autres mais les gens se rencontraient souvent lors de festivals de musique qui parfois duraient plusieurs jours. Très vite, ils ont réalisé qu'ils pouvaient apprendre les uns des autres car beaucoup rencontraient des problèmes que d'autres avaient déjà résolus. Certains décidèrent de se rassembler ailleurs tranquillement et paisiblement, loin du bruit et des foules, où ils pourraient parler et partager leurs expériences, échanger leurs talents et leurs savoirs. Les communautés ont commencé à prendre forme pour finalement déboucher sur une véritable communauté autogérée en 1972 : « The Rainbow Familly of Love and Living Light » de son vrai nom, a pour principe de vivre en marge de la société actuelle pour essayer de vivre dans un style de vie fondamentalement différent, inspiré des tribus amérindiennes, basé sur l'amour, la liberté, l'harmonie et le respect de la nature .


   Un des problèmes principaux de la réalisation d'une idée, quelle qu'elle soit, est la recherche de fonds et le rassemblement de personnes de même idéologie. Dans le cas d'Icarie, Etienne Cabet, suite à la publication de son livre a vulgarisé sa doctrine en organisant sa propre propagande, en distribuant des cours publiques et des brochure, réunissant des disciples désireux de suivre son idéologie et prêts, pour concrétiser leur rêve, a vendre tout leurs biens, suivant un des principes d'Icarie, l'abolition de la propriété privée ; pour réunir des fonds en suivant un modèle sectaire, et acheter une terre au Texas.


  Pour le Familistère de Guise, l'argent n'était pas le problème: Godin était un riche industriel, profondément convaincu de la véracité de l'idéologie de Fourier. Il a financé lui même la construction de son infrastructure et n'a bénéficié d'aucune aide  extérieure. Le Familistère fut donc construit sans problèmes, avec les fonds de son créateur, et les ouvriers n'eurent aucune aide financière a fournir. Les ouvriers travaillant à l'usine bénéficièrent donc d'un nouveau logement dans un cadre familiale et chaleureux Certains ouvriers venus d'autres usines se joignirent à eux, acceptant de travailler dans l'usine de Godin pour de meilleures conditions de vie. 

 Auroville, quant à elle, fut financer jusqu'en 1976, à la mort de "la Mère", par les membres de l'ashram de Sri Aurobindo. Ceux-ci avaient de nombreuses entreprises dans l'enceinte de Pondichéry, qui faisaient leurs richesses, et avaient toujours été liés de près ou de loin à la fondation de la communauté. A la mort de Mira Alfassa ils se revendiquèrent alors, propriétaires des terrains, et refusèrent de financer une communauté qui n'était pas la leurs. Les tensions perdurèrent jusqu'en 1980 où le gouvernement indien intervint, et déclara l'indépendance d'Auroville avec l'ashram, et s'engagea a financer la communauté, placée sous sa protection. Les premières personnes à rejoindre la communauté sont les membres de l'ashram d'Aurobindo, les nouveaux arrivants doivent vivre un an dans la cité et se gérer financièrement tout seul avant de devenir membre et être pris en charge par la communauté.
  
La Rainbow Familly n'a pas eu des problèmes de fonds, car la nécessité de trouver de l'argent n'était pas prédominante. En effet, le but majeur de la communauté est de vivre en marge de la société capitaliste,  l'argent n'a donc aucune importance. Les membres de cette communauté rejette toute forme pécuniaires en dehors des "Rainbow Gatherings", leur rassemblement annuel qui, se trouvant à l'échelle de l'ensemble des tribus "Rainbow Family", nécessite une collecte de fonds où chacun donne selon ses moyens dans ce qu'ils appellent le Chapeau "Magique", puisqu'il contient toujours assez d'argent pour subvenir aux besoins de l'ensemble des membres de la Famille. Toute personne ayant les mêmes volonté de mode de vie peut rejoindre une communauté Rainbow family.


  Ces différentes communautés sont basées sur différents modèles de construction.
  La cité d'Icarie est construite, tout comme la doctrine de Cabet, sur un principe d'égalité parfait ; aussi bien entre les icariens que dans la construction et l'organisation de la cité. Extrêmement bien décrite dans le livre Voyage en Icarie, tout y est ordonné dans une harmonie parfaite, les espaces ruraux s'emboîtant dans les espaces urbains, les quartiers contenant le même nombre de bâtiments, de jardins et d'espaces publics, de maisons et d'habitants. Tous vivent au même rythme, et travaillent aux même heures. En effet, l'emploi du temps des icariens est strictement réglé, du couvre feu aux heures des repas dans ce qu'ils appellent "restaurants de la République".
  Le familistère de Guise est construit comme une véritable cité dont la vie tourne autour de l'usine. L'usine est située au bord du complexe, de façon à faciliter le trajet des ouvriers. Dans le reste de la communauté, il y a des logements (pouvant abriter jusqu'à 2000 personnes), et des lieux récréatifs tel qu'un théâtre. La vie des ouvriers est réglée comme du papier à musique, ils travaillent en semaine, et le week-end se détendent dans les différents lieux de loisirs de la cité. Les ouvriers sont rémunérés en plus de leurs logements, leur permettant ainsi de nourrir leur famille.
  L'ashram de Sri Aurobindo à Pondichéry est le lieu où tout a commencé, et il est logique qu'Auroville se soit implanté à quelques kilomètres. Avant d'être construit, le site est un véritable désert transformé aujourd'hui en une véritable forêt tropicale occupant la moitié du territoire qui encercle la cité et lui sert à la fois de poumons et de remparts. L'architecture a été imaginée par un architecte parisien. La cité a la forme d'une galaxie vue du ciel, qui se concentre sur le temple non-consacré du Martimandir, au milieu qui représente la zone de la paix et « le symbole de l'aspiration d'Auroville vers le divin ». Autour de ce temple, quatre zones s'emboîtent, la zone résidentielle avec les habitations collectives et les habitations individuelles, la zone internationale avec des pavillons de toutes les nations, la zone de communication et de loisir, et enfin la zone industrielle dans laquelle les membres de la communauté travaillent quotidiennement. La démarche de la construction est très particulière : « il ne s'agit pas de construire une cité pour la faire habiter par des hommes, mais de construire des hommes en leur faisant bâtir la cité qu'ils auront décidé d'habiter. » Le but n'est pas de construire une cité, mais des hommes nouveaux. 
 La Rainbow family n'a pas de lieu précis et fixe, les communautés Rainbow s'étendent à l'échelle planétaire. En effet, la présence de la famille arc-en-ciel est recensée sur l'ensemble des continents, on retrouve leurs tribus dans les pays suivants : Les États-Unis, le Québec, l'Acadie, la Suisse, le Royaume-Uni, la France (dans les Alpes), l'Autriche, l'Italie, l'Allemagne, la Hongrie, la Grèce, la Russie, l'Australie, au Moyen-Orient ainsi qu'en Afrique du Sud. Leur mouvement s'étend donc réellement sur la surface du globe et possède un véritable impact sur notre société actuelle. Ayant pour volonté de fusionner avec la mère nature, ses différentes tribus occupent de petits villages de tipis aux multiples couleurs qui comme leur drapeau qui veut représenter l'unité spirituelle des individus de toutes les couleurs de l'arc-en-ciel, c'est à dire l'acceptation et le respect de tous les êtres humains.
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  Les communautés utopiques fonctionnent avant tout, sur le respect des principes fondamentaux. Ces principes fondamentaux varient de communautés en communautés et sont a la base de l'organisation de celles ci. En effet, sans ces principes, les communautés n'auraient pas de raisons d'être. Ces principes sont édictés par les fondateurs de ces communautés, et sont multiples. 
  Icarie est fondée sur les principes établis dans le roman Voyage en Icarie par l'auteur et le fondateur de celle-ci, Etienne Cabet.  Cette société est basé sur le principe fondamental du communisme. Pour être admis en tant que " bon Icarien" il suffit d'adopter pleinement le règlement établi dans l'intérêt général : être laborieux, tempérant, jouir d'une réputation irréprochable et surtout, s'engager à abandonner tout ses biens, sans rien cacher, à la collectivité. L'argent n'existe plus au seins de la communauté, celle-ci s'engage à fournir nourriture, vêtements et logements, gratuitement aux icariens, selon leur besoins, en échange de la participation au travail collectif et aux respects des règles communes. L'Etat est maître de toutes les industries et redistribue équitablement et sans privilèges, à tout les icariens, le fruit de leur labeurs. L'éducation, le travail et les loisirs sont strictement régis par des principes moraux élevé au niveau de la religion. L'éducation est gratuite et universelle pour les deux sexes. Il n'y a aucune religion d'Etat. Les filles à l'âge de 16 ans, et les garçons a l'âge de 17 ans, reçoivent une éducation religieuse qui leur permet ensuite de choisir vers laquelle des religions ils voudront se diriger . La religion est définie en Icarie par Etienne Cabet comme " un système de morale et de philosophie qui porte les Hommes à s'aimer." Il existe, dans cette société, une réglementation très strictes du mode de vie et des déplacement des icariensLe particularisme n'est pas accepté dans la cité d'Icarie ; il serait annonciateur du retour à l'inégalité. Ainsi, le crime et la justice ne sont pas envisageables puisque tous suivent les règles, dans une complète uniformité, principe fondamentale de cette société idéale. Comme disait Etienne Cabet dans Voyage en Icarie " ce système ne peut donc que se reproduire à l'identique s'il ne veut se détruire ". Chacun mange les mêmes produits, porte les mêmes vêtements, dort dans les mêmes lits et utilise les même objets. Cette société est décrite dans le roman comme une société ayant triomphé à la fois de la nature et des ses instincts individualistes. "Chacun a sa place et son emploi dans l'atelier de l'univers". Mais si ces principes semblent très strictes et quelque peut restrictifs, il ne faut pas oublier avant tout que le principe icarien de cette uniformité reste une discipline volontaire, et qu'aucune personne n'est forcée de se soumettre aux règles de la communauté s'il ne le désire pas, et sera toujours libre de quitter la société utopique. Ces principes de cette Icarie de fiction vont être utilisés lors de la réalisation concrète de cette Icarie, sans tenir compte des modes de vie de chacun et des privations auxquelles seront confrontés les icariens dans les premiers temps de cette utopie. Cabet instaurera des règles très strictes et une uniformisation quasi monacale aux nouveaux icariens, qui jugeront les idées de Cabet trop liberticide. Cette société ne peut compter, contrairement à celle de la littérature, que sur le volontarisme des icariens, qui a pour chacun ses propres limites, et qui ne peuvent réfréner leurs jalousie ou leur envie de particularisme.
  Le Familistère de Guise, quant à lui, fonctionne comme une usine ordinaire, avec une hiérarchie entre le directeur, ici Godin, et les différents postes des ouvriers. Cependant il n'y a pas de hiérarchie précise, seulement des rôles déterminés, et si chacun rempli son rôle la communauté fonctionne parfaitement, en revanche si un des postes faillit a sa tâche, l'ensemble de la structure, s'effondre. Dans cette usine, on retrouve le poste classique des ouvriers, simples rouages de cette industrie de poêle en fonte. On retrouve également, des cadres et des fonctionnaires mais qui sont, cette fois-ci, considérés à l'égal des ouvriers, recevant le même salaire, et vivant dans les mêmes logement qu'eux. En effet, tout les habitants de cette communauté vivent dans une totale uniformité, de logements, de nourriture, et même de mode de vie. Le phalanstère et son organisation sont tous deux régis par le même schéma, très strict, pour assurer le bien être de tous les ouvriers de l'usine et de leur famille. Leur journée est rythmée par le travail à l'usine pour les ouvriers, les fonctionnaires ou les cadres, qui font tous une journée de travail normale pour rentrer chez eux le soir et profiter des loisirs et de la détente proposée par les différentes installations de la cité, qui vont du théâtre à l'opéra, en passant par le cinéma et les parcs de loisirs. Il y a également des restaurants, et une cantine à l'usine. Les femmes sont des mères au foyer qui s'occupent des enfants en bas age la journée, les enfants plus âgés étant à l'école. C'est un mode de vie parfaitement normal en France, quelque soit l'époque choisie. La télévision est présente dans la communauté, exactement comme à l'extérieur, il y a également la radio, et absolument tout ce qui était à la mode à Paris par exemple. En vérité,  la seule différence avec l'extérieur est justement cette barrière de l'usine, le fait que les ouvriers vivent dans le familistère ne les coupent pas du monde, ils vivent juste en dehors. Les ouvriers ont une vie parfaitement normale, excepté le fait qu'ils vivent dans le Familistère. (Message à Sator: n'oublie pas de développer sur l'éducation et la religion!!!)
  La communauté d'Auroville a pour volonté de créer un nouvel Homme en développant la méditation de chaque aurovillien, inspiré de la théorie de "l'être supramental" de Sri Aurobindo, qui, d'après lui, représente la continuité de l'espèce humaine dans son évolution.  Il ne considère pas l'Homme actuel comme un aboutissement satisfaisant du développement de sa conscience, mais comme une étape intermédiaire avant l'être suprême, qu'il recherche à travers l'idéologie qu'il met en pratique dans la communauté d'Auroville. Les habitants sont centrés sur la rechercher personnelle, par le biais de la méditation et du yoga, ils cherchent une réponse à la raison de leur existence sur Terre. Les règles de départ d'Auroville sont les suivantes : 
- Auroville n'appartient à personne en particulier. Auroville appartient à l'humanité à part entière mais pour vivre à Auroville il faut être un fervent serviteur de la "Conscience divine".
- Auroville sera le lieu d'une éducation sans fin, du progrès constant, et d'une jeunesse qui ne vieillit pas.
- Auroville veut être le pont entre le passé et le futur. En prenant avantage de toutes les découvertes de l'intérieur comme de l'extérieur, Auroville s'élancera hardiment vers de futures réalisations.
- Auroville sera le terrain de recherches matérielles et spirituelles pour une incarnation vivante d'une réelle Unité Humaine.
Auroville n'a pas de religion à proprement parlé, cependant, les habitants semblent aduler "La Mère", ce qui ne les empêchent pas, de partager différentes croyances et de croire en d'autres divinités. En plus de la méditation et de la recherche de sois, chaque aurovillien travaille quotidiennement à l'économie de la communauté et à sa construction, et tout cela bénévolement, puisque tout le profit de leur labeur est reversé dans la caisse commune et profite à l'ensemble de la communauté. Leur zones d'habitation est situé à proximité du lieu de travail, où ils travaillent avec plaisir et pour le bien de la communauté, ils ne considèrent pas leur tâche comme une corvée mais comme un accomplissement de soi, profitable à chacun. Il n'y a pas de hiérarchie à proprement parlé, même si certains habitants semblent plus riches que d'autres, par leur habitation ou par le travail qu'ils effectuent. Certains choisissent de vivre richement, en arrivant dans la communauté avec beaucoup d'argent tandis que d'autres, se contentent du strict nécessaire; ainsi, ce n'est pas moins une hiérarchie qu'un choix de la part des aurovilliens. D'après la règles initiale, l'éducation se trouverait partout dans la communauté, dans la continuité des rapports entre chaque individu d'Auroville, avec la conviction que l'adulte n'a pas moins à apprendre que l'enfant, que chacun a quelque chose à apporter à l'ensemble de la communauté. Au commencement, il y avait une école spéciale, appelée "Dernière Ecole" (Last School). Sans véritable structure, elle accordait aux enfants une grande liberté. Les enfants participaient volontairement à différents stages présentant les métiers que proposait la communauté, afin qu'ils choisissent leur orientation. Les aurovilliens aiment à se rassembler, que ce soit autour du temple Martimandir, symbole d'Auroville et lieu de méditation collective, ou bien le soir, au cours des veillées pour assister à des divertissements ou des débats.
  Enfin, la Rainbow Family a des principes qui apparaissent comme assez abstraits. Les membres de la Famille ont crée cette communauté pour vivre en marge de la société et de toutes ses contraintes et être en Harmonie et en paix avec la nature. Pour vivre en accord avec ces principes, ils mettent en place des règles de vie simples qui, malgré le fait qu'il n'y est pas de structure à proprement parlé, permettent à la communauté de perdurer grâce à l'action constante de ses membres. Ils vivent en pleine nature et respectent de nombreuses traditions amérindiennes. En effet, ils s'identifient notamment à l'une de leurs anciennes prophéties qui dit que "Quand la Terre sera ravagée, que l'eau des rivières ne sera plus bonne à boire, quand les arbres se feront rares et que les animaux auront presque disparu, c'est alors qu’apparaitront les guerriers de l'Arc-en-ciel. Ils se lèveront pour protéger la Terre. Ils reformeront le cercle sacré de l'harmonie et enseigneront l'unité entre toutes les races et les religions véritables de l'humanité. Ils feront entendre leurs voix pour demander la fin des guerres et la Paix entre les peuples. Ils retourneront à la Nature qu'ils respecteront, pour y vivre de la Terre nourricière et s'y assembleront en tribus. Ils seront connus comme les guerriers de l'arc-en-ciel". Après la transition ayant pour objectif le retour à la nature pour vivre en marge de la société, il fut rapidement nécessaire d'instaurer des règles de bases pour rester en bonne santé et survivre dans la nature. Les décisions pour la communauté sont prises par consensus dans un cercle de parole à l'aide du bâton de parole comme dans les tribus Amérindiennes. Les membres de la famille "officielle" vivent dans de petits villages de tipis aux couleurs de l'arc-en-ciel. Ils cultivent la terre pour se nourrir, vivant ainsi en accord avec la mère nature. Les cendres du feu sont utilisées pour le nettoyage, comme savon et aussi pour guérir les plaies. Il n'y a pas de drogues sauf celles considérées comme "douces", pas d'alcool par prévention de manque et/ou d'agression ni d'appareils électriques par souci de bruits et d'intrusions extérieures. Ils jouent seulement de la musique acoustique et orale. Deux repas par jours sont servis dans le cercle du repas, pour des raisons pratiques et par souci d'égalité.   Tous les ans aux alentours du 4 juillet, l'ensemble des communautés Rainbow se retrouve lors de ce qu'ils appellent le "Rainbow Gathering". C'est seulement lors de ces rassemblements annuels, qu'on retrouve des éléments de la société capitaliste telles que la consommation d'alcool ou la circulation d'argent pour assurer le bon fonctionnement du rassemblement. La cuisine principale au Rassemblement serait végétarienne. Ceci a été décidé pour des raisons pratiques et économiques. La viande et ses produits dérivés coûtent cher et en raison de la présence de végétariens, il aurait fallu la préparer dans une cuisine séparée. Le savon n'est pas utilisé à moins de 5 m des points d'eau vive, pour éviter leurs pollutions. Les traditions et les savoirs de la Famille Rainbow sont transmis par les anciennes générations mais aussi de tribus en tribus. Il n'y a pas de structure d'éducation mais les connaissances sont transmises dans une continuité et dans un concept d'échange entre les tribus comme entre l'élève et le professeur. La Rainbow Family parvient à mettre en application ses principes avec des règles simples apportant tout de même une liberté à ses membres qui maintiennent la société par la participation de tous pour une meilleure vie en collectivité.

dimanche 22 janvier 2012

Phalanstères et Familistère de Guise

je copie tel quel ce que Sator m'a envoyer sur son travail sur les phalanstères et le familistère de guise :


Les phalanstères: 

Les phalanstères sont une forme de la réalisation d'une utopie. L'idée des phalanstères fut conçue par Charles Fourier, philosophe du XIXe siècle. Le principe est simple, les hommes, les femmes et les enfants vivent ensemble dans des batiments organisés autour d'une cour couverte centrale, formant un lieu de vie communautaire, apparenté à un kibboutz ou un sovkhoze. 
Dans la théorie primaire de Fourier, le phalanstère est une sorte d'hotel pouvant accueillir environ 2000 individus (400 familles) au milieu d'un grand domaine, privilégiant avant tout la culture des fleurs et des fruits. 
Destiné à abriter mille huit cents à deux mille sociétaires, le phalanstère est un bâtiment de très grande taille : une longueur de six cents toises, soit un peu plus d'un kilomètre, à comparer aux quelque quatre du château de Versailles ; une surface occupée – bâti et non bâti - d'environ quatre kilomètres carrés ; des arcades, de grandes galeries facilitant les rencontres et la circulation par tous les temps ; des salles spécialisées de grande dimension (Tour-horloge centrale, Bourse, Opéra, ateliers, cuisines) ; des appartements privés et de nombreuses salles publiques ; des ailes réservées au “caravansérail” et aux activités bruyantes ; une cour d'honneur de six cents par trois cents mètres, dans laquelle tiendrait la grande galerie du Louvre; une cour d'hiver de trois cents mètres de côté (à comparer aux cent mètres de la place des Vosges) plantée d'arbres à feuillage persistant ; des jardins et de multiples bâtiments ruraux.

Jean-Baptiste André Godin, grand industriel et philantrope français, fait parti des quelques créateurs de phalanstères dont les créations ont réussies. Il a construit plusieurs de ces phalanstères, qu'il a renommé familistères. Le familistère de Guise est la tentative la plus probante. Durant pendant plus de 100 ans ( 109 ans ), le familistère de Guise a parfaitement fonctionné. Les ouvriers vivaient dans un complexe rattaché a l'usine, avec leurs familles, et profitaient des lieux à usage récréatif qui leur était proposé, tel un théatre. Le familistere fonctionna jusqu'en 1968, date de la fermeture du familistère en tant que tel, mais l'usine continua de fonctionner ensuite. Cependant, en 1991, le site est classé monument historique et l'usine sera définitivement fermée, pour désormais être utilisée comme musée. En chiffres, le familistère a accueillit au maximum 1748 personnes, en 1889, et toutes ces personnes vecurent en harmonie, preuve de la réussite du concept. Godin prouva ainsi la possibilité de recréer une sorte d'utopie, et de façon remarquable.

samedi 21 janvier 2012

Auroville



Processus de concrétisation
     La genèse de l'utopie
La naissance d'Auroville a lieu en Inde et date du 28 février 1968. Mais bien avant cette date, la communauté trouve ses racines en Empire britannique des Indes c'est-à-dire à l'époque où le pays était colonisé par les Anglais, car pour parler de la concrétisation nous devons parler des acteurs et de ce qui les a poussé à créer cette société utopique. Des mouvements d'Indiens qui rêvent de l'indépendance de leur pays font du contexte historique et social qui précède la création d'Auroville une période mouvementée, qui favorisera la volonté pacifiste de la communauté par la suite.

     Sri Aurobindo, le fondateur (1879-1893)

Sri Aurobindo est un philosophe qui fait partie des ces Indiens révoltés par leurs conditions de vie. C'est en retournant en Inde après treize ans passés en Angleterre qu'il s'est rendu compte de la pauvreté de son pays, et c'est à cette occasion qu'il s'empresse de rejoindre un groupe de contestataires. Il est alors activement engagé politiquement, et il étend ses opinions dans toute l'Inde par le biais du journal Bande Mâtaram, dans lequel il écrit en tant que porte-parole du parti nationaliste, et il opère une véritable propagande révolutionnaire pour convertir le peuple à l'indépendance. Ses principales formes de protestations sont la non-coopération et la résistance passive. Il est emprisonné pendant l'année 1909 pour ses activités indépendantistes, et accusé d'être mêlé à des attentats. Il reconnaît plus tard ne pas adopter le pacifisme pour obtenir l'indépendance, comme celui que Gandhi préconisera plus tard, cette méthode n'est pas lié à sa philosophie. La prison lui fait prendre du recul sur ses manières de se révolter et il se consacre au yoga et à la méditation. Cette recherche de pouvoirs spirituels lui permet de mieux lutter pour l'indépendance de son pays. Sa philosophie évolue et ses objectifs s'élargissent. Pour échapper à une seconde arrestation, il se réfugie à Pondichéry qui est sous autorité française. Il abandonne toute activité politique, et se concentre sur la philophie et le yoga (recherche sprirituelle).
     L'ashram
Sri Aurobindo crée en 1926 un ashram à Pondichéry, à l'origine petite infrastructure qui s'est développé dans de multiples directions et ainsi s'est élargit au fur et à mesure. On définit le terme ashram comme un lieu où les disciples d'une communauté vivent autour d'un maître. Cependant, Sri Aurobindo écrit qu'il a été crée pour une raison différente que les autres institutions de ce genre : «non pas seulement pour se retirer du monde et méditer, mais comme centre et terrain d'entraînement pour l'évolution d'un autre genre et d'une autre forme de vie qui s'arrêterait au final par une plus grande conscience spirituelle et incarnerait une plus grande vie de l'esprit. » Aujourd'hui, plus de 2000 membres venus de toutes les parties de l'Inde et même de l'étranger le fréquentent. Ces membres travaillent à partager la philosophie de Sri Aurobindo et de la Mère dans le monde.

    Mirra Alfassa, la Mère (1878 -1973)
En 1926, Mirra Alfassa se voit confier la gestion de l'ashram de Sri Aurobindo, qu'elle a rencontré à Pondichéry en 1920. C'est une française née à Paris en 1878, philosophe et reconnue pour ses écrits et son parcours de méditation. Ils partagent leur recherche spirituelle et leurs idéaux. A partir de 1926, elle dirige donc l'ashram, qu'il a fondé et qu'elle termine d'organiser. Ensuite, elle créé le Centre International d'éducation Sri Aurobindo à Pondichery en 1943 qui est une innovation dans le domaine de l'éducation. Suite à la concrétisation d'une de ses utopies, elle fonde Auroville en février 1968 à quelques kilomètres de la ville et dirige cette communauté en y consacrant la fin de sa vie, jusqu'à sa mort en 1973. Une adulation particulière de la part des Aurovilliens lui est vouée, elle apparaît comme la figure emblématique de la société pacifique et spirituelle et on l'appelle la Mère. Sa mort boulverse les membres aurovilliens, elle laisse la communauté sans protection, et la portée utopique elle-même de la cité semblait reposer sur sa fondatrice.


Fonds et économie
Le financement de la cité vient à l'origine de l'ashram de Sri Aurobindo représenté par les héritiers de l'ashram qui sont réunis dans la Sri Aurobindo Society (SAS). Suite à la mort de Mirra Alfassa, ces héritiers se proclament propriétaire des terrains d'Auroville. A partir de 1976, la SAS cesse de financer la cité Auroville, et des tensions perdurent jusqu'en 1980. La protection est finalement attribuée à l'Etat indien, dont la Cour Suprême reconnaît l'indépendance d'Auroville avec l'ashram. « L'Auroville Fondation Act » est alors créé et ce nouveau statut prévoit un conseil d'administration, un conseil consultatif international et l'assemblée des résidents d'Auroville. Cette assemblée est la seule à prendre les décisions, l'Etat n'intervient pas. Les Aurovilliens ne payent pas d'impôts à l'Etat indien, mais le tiers de ce qu'ils gagnent appartient à la communauté. Auroville, qui comprend 200 entreprises ainsi que les dons et les subventions internationnales , parvient à des profits, qui sont gérés par l'Auroville Foundation, et les fonds sont redistribués dans la communauté avec le souci de justice.
Epoque ambitieuse de réalisations urbanistiques.
La société de Sri Aurobindo à Pondichéry et le profit des travaux des Aurovilliens, non versés en salaire mais versés à la société entière qui les distribue en parts égales.

Qui sont les membres ?
Le but initial est de rassembler 50 000 personnes afin que la communauté atteigne réellement un rôle important pour la société. Les premiers étaient les disciples de Sri Aurobindo. Les membres sont tous orientés vers la recherche sprituelle et sont des disciples de la Mère. Ils ont commencé à se rassembler autour d'elle depuis qu'elle dirige l'ashram. Ils étudient la pensée de Sri Aurobindo et ont rejoint la communauté avec le but la méditation. Aujourd'hui, Auroville compte 2 200 membres issus de quarante-cinq pays, dont 900 Indiens et 350 français, plus les personnes qui font leur année d'adaptation avant de devenir membre qui sont une centaine. Deux nombreux visiteurs séjournent dans la cité également ; des journalistes, des personnes qui viennent se receuillir quelques temps mais qui ne sont pas prêt à faire le grand pas, et des gens qui viennent en touristes, généralement mal vu, et qui ne se sentiront pas à leur place de toute façon.

Lieu, constuction, architecture
L'ashram de Sri Aurobindo à Pondichéry est le lieu où tout a commencé, et il est logique qu'Auroville se soit implanté à quelques kilomètres. Des personnes de toutes les nationalités se rejoignent au sud est de l'Inde pour pour participer à cette communauté. Avant d'être construit, le site est un véritable désert, et les Aurovilliens ont réussi à faire de cette cité un paysage tropical. C'était un des programmes de reforestation et de regénération du sol les plus importants du monde. Au début, ils ont planté deux millions d'arbres, aujourd'hui il y en a six millions, et de nombreuses espèces d'oiseaux et d'animaux sont revenues. En effet, une forêt entoure la cité. Les banyans sont des arbres très importants pour les Aurovilliens, ils représentent le lieu sous lequel les pionniers tenaient leurs premières assemblées.
L'architecture a été imaginée par un architecte parisien, Roger Anger. Pour réaliser ce projet, il a les idées suivantes : « La notion de ville ne doit pas, à Auroville, se confiner dans des formes rigides et préétablies, mais au contraire permettre toutes les libertés d'organisation autour d'un point d'attraction magnétique qui symboliserait son message. Ce point d'attraction sera le grand sanctuaire, ou temple de la vérité, qui se dressera au centre de la ville spirituelle.
A partir de là, nous avons opté pour un plan d'urbanisme radioconcentrique qui s'organise autour de ce jardin de l'unité. Il ne nous semble pas en effet que pour une ville dont la population ne devra pas dépasser 50.000 personnes, le radioconcentrisme puisse constituer un handicap à un moment quelconque. »
L'architecture consiste donc à représenter l'unité humaine autour du point d'attraction magnétique qu'est le temple du Martimandir. La cité a la forme d'une galaxie vue du ciel, qui se concentre sur le temple au milieu. Autour de ce temple, quatre zones s'emboîtent, la zone résidentielle avec les 3/5 d'habitations collectives et le reste d'habitations individuelles, la zone internationale avec des pavillons de toutes les nations, la zone de communication et de loisir, et enfin la zone industrielle dans laquelle les membres de la communauté travaillent quotidiennement. Au centre, le temple non-consacré du Martimandir, représente la zone de la paix et « le symbole de l'apsiration d'Auroville vers le divin ». Une forêt occupant la moitié du territoire encercle la cité et lui sert à la fois de poumons et de remparts.
Tous les acteurs : architectes: Roger Anger, Mario Heymann et P. Braslawsky.
urbanistes: Miglierina, Alexandroff et Ch. Gianferrari.
La démarche de la construction est très particulière : « il ne s'agit pas de construire une cité pour la faire habiter par des hommes, mais de construire des hommes en leur faisant bâtir la cité qu'ils auront décidé d'habiter. » La construction est la source de la recherche personnelle. Construire des hommes complets est déjà difficile, ils estiment que ça ne peut s'accomplir avec les facilités matérielles du monde occidental, ils doivent passer par une sorte de souffrance pour y parvenir, tout accomplir avec leurs moyens d'homme. La construction est lente et se fait avec un travail quotidien, et une forte entraide entre les habitants. En effet, « on pourrait créer la société du futur en deux ans avec l'argent de Bouygues, mais on recréerait ce qui existe déjà. Le but n'est pas de construire une cité, mais des hommes nouveaux. »
L'inauguration a lieu le 28 février 1968, pendant laquelle les représentants de 121 pays (et 23 Etats indiens) sont présents et rassemblent une poignée de terre de leur pays d'origine dans une urne en fleur de lotus, qui représente l'unité humaine et apparaîtra au centre de la cité. Ce jour-là, des ambassadeurs se désignent pour renseigner les pays occidentaux et chercher des fonds.

Nouveaux arrivants
Les nouveaux arrivants doivent vivre un an dans la cité et se gérer financièrement tout seul avant de devenir membre et être pris en charge par la communauté. Il sont appelés les newcomers, littérallement «nouveaux arrivants» en anglais. Le journal local News & Notes publie chaque semaine la liste des nouveaux Aurovilliens proposés à l'acceptation de tous, une fois que la Mère a décidé qu'il pouvait devenir membre. Chaque membre est en droit de s'opposer à ce qu'une personne devienne membre s'il juge qu'elle ne correspond pas à l'esprit de la société, et l'acceptation est donc revue. D'autres personnes ne deviennent jamais membre mais se trouvent dans la cité : touristes, gens de passage qui veulent juste vivre une expérience, et simples curieux.


Fonctionnement d'utopies concrètes

Fonctionnement économique, politique et social.
Pas de loi, pas de prison, pas de police. Pas de passeport. Pas de religion, seule la conscience divine. Cependant, ce n'est pas une société qui a pour but l'égalité, c'est avant tout un but de recherche individuelle et au niveau de l'homme. Les gens qui arrivent ont des cultures différentes etc. donc c'est normal qu'il y ait des différences. Il existe des villas de luxe avec des piscines, et des huttes construites avec des arbres. Certaines personnes utilisent leur argent de retraite etc., et d'autres décident de vivre avec l'argent versé par la communauté. Ce sont les paradoxes d'Auroville, tous les prototypes humains sont présents -> altérité de l'être humain. Un des grands principes de la communauté est que l'argent ne circule pas.

Cette communauté est contraire à la politique, il faut changer l'homme et non la politique. On a déjà constaté en essayant tous les régimes que rien ne fonctionne. « si rien ne fonctionne, c'est parce que l'homme est au centre de tout, et si on ne change pas l'homme, on ne changera jamais rien ».

Last School (plus que 15 élèves), et Future School (O level et A level britanniques).

L'être supra-mental.

Agriculture biologique.