jeudi 26 janvier 2012


Projet industriel et utopie sociale : le Familistère Godin à GuiseL'oeuvre de Godin
Jean-Baptiste-André Godin naît en 1817 à Esquéhéries, petit village de l'Aisne situé à 20 km au nord de Guise. Fils d'un modeste artisan serrurier, il doit très tôt apprendre le métier paternel malgré son ambition de suivre des études supérieures.

Dans sa jeunesse, ouvrier, il découvre par lui-même les effets néfastes du libéralisme économique sur la valeur du travail ; il prend conscience de la "question sociale" - la pauvreté des classes populaires dans le bouleversement de l'industrialisation.
1840 Premier brevet pour la fabrication de poêles en fonte de fer substitué à la tôle.
1846 Transfert à Guise de la manufacture de poêles pour favoriser l’approvisionnement en matières premières et l’écoulement de la production.
1849 Début de la construction du familistère. Il s'agit d'un Palais social destiné à accueillir les familles d'ouvrier et à leur offrir le confort moderne. Ce Familistère est une véritable communauté avec ses règles de vie.
1880 Création de l’Association coopérative du Capital et du Travail, Société du Familistère de Guise Godin & Cie. L'entreprise et le Palais Social n'appartiennent plus à Godin mais à l'ensemble des "familistériens".


La stratégie industrielle de J.-B. Godin
L'acte fondateur de Jean-Baptiste-André Godin est d'utiliser la fonte de fer plutôt que la tôle de fer pour la construction de poêles. Les appareils ont un pouvoir calorifique supérieur, ils sont robustes et bon marché. Conscient de la valeur technologique et commerciale de cette substitution, Godin protège aussitôt son invention par un brevet. La seconde découverte fondamentale consiste dans l'application des émaux aux objets en fonte, dont les procédés sont brevetés en 1851. Poêles et cuisinières "Godin" ne sont plus seulement des appareils efficaces mais aussi des meubles décoratifs. La stratégie industrielle de Godin ne se résume pas à la protection légale, parfois illusoire, de ses multiples inventions (il détient une cinquantaine de brevets en 1873). Il affronte la concurrence - vive dans le nord et l'est de la France ainsi qu'en Belgique - en plaçant la production de la manufacture sous le signe de l'innovation. Le contrôle de la qualité, la diversification et l'adaptation aux besoins des clientèles sont des constantes de la manufacture jusqu'au milieu du XXème siècle.
Des investissements importants sont consentis au XIXme siècle pour la mécanisation de la chaîne de fabrication. Les installations de moulage mécanique permettent d'augmenter la production dans des proportions considérables. L'usine de Guise fabrique 100 appareils en 1850 et 100 000 en 1882 ! L'écoulement de cette production est assurée par un réseau commercial très développé soutenu par la publicité.
Description de L'usine
Des ateliers spécifiques pour le moulage, l’émaillerie, l’ajustage et le montage, la menuiserie ou l’emballage couvrent bientôt une superficie importante (3 hectares en 1880). Les bâtiments et la cour d’entrée de l’usine se situent désormais dans l’axe du pont construit sur l’Oise pour rejoindre le Familistère élevé sur l’autre rive. Les ateliers sont de simples halles aux murs de brique, blanchis à la chaux à l’intérieur, avec charpente en bois et couverture à deux versants percés d’ouvertures. A mesure qu’augmente le nombre de machines à vapeur productrices d’énergie, le ciel au-dessus de l’usine se hérisse de hautes cheminées fumantes. A partir de 1900, une voie ferrée contourne les ateliers à l’est et au nord pour l’approvisionnement en matières premières et le transport des produits manufacturés jusqu’à la gare de Guise.


Le projet social et politique de Godin
Ne pouvant faire un palais de la chaumière ou du galetas1 de chaque famille ouvrière, nous avons voulu mettre la demeure de l'ouvrier dans un palais. Le Familistère, en effet, n'est pas autre chose, c'est le Palais Social.[...]
Le capital peut, avec profit, élever des palais au travail et créer la commune sociétaire, comme il a régénéré, avec profit, les moyens de transport, en créant les chemins de fer, ces voies nouvelles de circulation qui profitent à tous.
L’industrie moderne a changé, par le salariat, la condition du travailleur en créant le travail libre ; l’industrie future doit réaliser, par l’association, l’émancipation de l’ouvrier, en l’appelant au bien-être et à la propriété collective.
J.-B. Godin, Solutions sociale, 1871
1 : logement misérable


Les logements :
Les logements du Familistère sont à double rang de chambres : les unes ayant vue sur la cour intérieure, les autres sur les façades extérieures ; cette disposition permet la ventilation complète de l’appartement.
Les planchers des galeries, ainsi que ceux des appartements, sont carrelés, afin de se prêter à une propreté plus facile, et de donner moins d’accès à l’incendie.
Tous les appartements sont plafonnés, et les murs dressés avec soin sont le plus souvent badigeonnés à la chaux ; c’est un moyen facile de renouveler la propreté dans l’intérieur du logement ouvrier et d’assainir sa demeure.
Le palais social, placé près de l’atelier, permet à l’ouvrier de rentrer dans sa demeure, aussitôt son travail fini sans ajouter une fatigue nouvelle à la fatigue du travail ; il peut changer de vêtements si cela lui est nécessaire, et trouver immédiatement le repos pour réparer ses forces. Ce qui ne peut avoir lieu dans beaucoup d’établissements où l’ouvrier a de grandes distances à parcourir pour retourner chez lui.
En rentrant au Familistère, le père et la mère rencontrent leurs enfants sortant des écoles, la famille est aussitôt réunie pour le repas, qu’elle prépare facilement avec les ressources que le palais lui offre à ce sujet.
J.-B. Godin, Solutions sociale, 1871


SATOR  POWAAAAAAAAAAAA!



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