Nous examinâmes ensuite un magnifique plan d'Icara.
- Il est parfaitement régulier, m'écriais-je !
- Oui, répondit Eugène (...)
Voyez ! La ville, presque circulaire, est partagée en deux parties à peu près égales par le Tair ( ou le Majestueux ) dont le cours a été redressé et enfermé entre deux murs en ligne presque droite, et dont le lit a été creusé pour recevoir les vaisseaux arrivant par la mer.
Voilà le port, les bassins, et les magasins qui forment presque une ville entière !
Vous voyez qu'au milieu de la ville, la rivière se divise en deux bras, qui s'éloignent, se rapprochent et se réunissent de nouveau dans la direction primitive, de manière à former une île circulaire assez vaste. Cette île est une place, la place centrale, plantée d'arbres, au milieu de laquelle s'élève un palais enfermant un vaste et superbe jardin élevé en terrasse, du centre duquel s'élance une immense colonne surmontée d'une statue colossale qui domine tous les édifices (...)
Voyez les rues, toutes droites et larges ! En voilà cinquante grandes qui traversent la ville parallèlement à la rivière, et cinquante qui la traversent perpendiculairement (...)
Mais voyez ces masses distinguées par de légères teintes de toutes les couleurs. Il y en a soixante ; ce sont soixante quartiers (ou communes), tous à peu près égaux et représentant chacun l'étendue et la population d'une ville communale ordinaire.
Chaque quartier porte le nom d'une des soixante principales villes du monde ancien et moderne, et présente dans ses monuments et ses maisons l'architecture d'une des soixante principales nations. Vous trouverez donc les quartiers de Pékin, Jérusalem et Constantinople, comme ceux de Rome, Paris et Londres ; en sorte qu'Icara est réellement l'abrégé de l'univers terrestre.
Voici maintenant le plan d'une rue. Voyez ! Seize maisons de chaque coté, avec un édifice public au milieu et deux autres aux deux extrémités. Ces seize maisons sont extérieurement pareilles ou combinées pour former un seul bâtiment, mais aucune rue ne ressemble complètement aux autres.
Et la ville est couverte de jardins, comme vous l'avez vu sur le plan ; car il y en a entre toutes les rues, sur le derrière de toutes les maisons ; et le gazon du milieu est souvent remplacé tantôt par des arbres ou des berceaux, tantôt par des ruisseaux ou même des canaux bordés de jolies balustrades (...)
Extrait du livre Voyage en Icarie par Etienne Cabet, ( socialiste utopiste 1788-1856 ) publié en 1845.
Il crée en 1848 au Texas, une communauté utopique nommé Icarie. Elle fut dissoute la même année à cause de nombreuses maladies qui tuèrent la plupart des colons venus s'installer.
BULLE
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