lundi 28 novembre 2011

Pourquoi les utopies sont-elles presque toujours un échec ?

             POURQUOI LES UTOPIES SONT-ELLES PRESQUE TOUJOURS UN ECHEC ?

Au sens propre, l'utopie représente un idéale absolu pour celui qui l'imagine, qui la conçoit. Mais elle est vite perçut comme irréalisable, voir comme une dystopie, puisqu'elle n'illustre pas tout les désirs de société idéale de l'Homme. Ce qui parfois représente une totale égalité peut être perçut comme un manque de liberté pour certains.

L'utopie a toujours été présente depuis que les Hommes savent penser. Platon dans " La République " ; Charles Fourier dans ses cités idéales ; même les religieux et leurs idée du Paradis. Même si le terme " Utopie " n'est apparut qu'en 1516, il a toujours été présent dans l'esprit et la conscience humaine, mais toujours sous forme de rêves fous, irréalisables, plutôt que comme un véritable changement, révolution d'une société toute entière.

                         " Parce qu'ils ne savaient pas que c'était impossible, ils l'ont fait " 
citation de Thomas More, dans Utopia


La véritable différence entre l'utopie d'autrefois qui n'est qu'un simple rêve et celle du XIX eme siècle (avec la création des phalanstères et autres communautés utopistes ) c'est l'idée, cette fois-ci, que les sociétés idéales sont mises à la portée des Hommes et à leurs capacités, au reflet de leurs faiblesses. Les utopies véritablement irréalisables sont celles où l'intervention divine et le bien et la pureté absolue rentre en compte, puisque l'Homme, par nature, est imparfait . La où les véritables utopies sont passées du rêve à la réalité c'est la ou le créateur et tout les utopistes ont décidés de créer une société parfaite, non pas en fonction des dieux ou simplement de puissances extérieurs mais à l'image de l'Homme et de toutes ses entraves. C'est aussi pour cela que beaucoup d'entre elles ont finis par échouer ou se sont transformées en régime totalitaire. C'est parce que le désir d'un seul homme ou d'un groupe restreint de personne ne peut convenir à tout le monde, puisque les Hommes sont tous différents les uns des autres. Une utopie doit essayer de regrouper au possible toutes les attentes humaines sur un pied d'égalité, sans pour autant supprimer les libertés qui peuvent sembler insignifiantes pour certains et capitales pour d'autres. Sans quoi, l'utopie sombrerait très vite dans la dictature ou le régime totalitaire.

Une utopie vouée à l'échec est une utopie qui souhaite des choses sur lesquelles l'Homme n'a pas de réelle prise, comme les sentiments tel que la douleur, la peur etc. ou encore les conflits et la jalousie. L'Homme a toujours et aura toujours une part d'égoïsme ou d'autre concept qu'il ne peut totalement faire disparaître sans perdre une part de lui-même, soit de liberté. Ces utopies la sont irréalisables et ne doivent s'appuyer que sur des défauts de la société humaine existante qui pourrait disparaître par un simple changement d'organisation et de partage ( exemple : la dictature, la pauvreté etc. )

Bulle
Exposition METROPOLIS

Film :

  Metropolis est un film expressionniste, réalisé en 1927 par le réalisateur autrichien Fritz Lang, le film est muet et en noir et blanc. 
  Metropolis, la cité de l'avenir est gouvernée d'une main despotique par Joh Fredersen. La ville est divisée en deux secteurs : la partie haute, la ville des maîtres entourée de magnifiques jardins verdoyants, lieu de résidence d'une minorité de privilégiés et la partie basse, la grouillante et crasseuse ville des travailleurs, où survivent des ouvriers qui assurent le fonctionnement de la cité rivés à des machines avilissantes.
  Un jour, Freder, le fils de Fredersen, va rencontrer Maria, esclave de la ville basse qui prêche la bonne parole aux travailleurs. Avec elle, il va découvrir les bas quartiers et la misère. Bouleversé, il va essayer de défendre la cause des travailleurs auprès de son père sans grand succès.
  Fredersen décide alors de créer, avec l'aide de Rotwang, un robot à l'image de la jeune fille, qui sèmera la terreur dans la ville. Mais, grâce à Maria et à Freder, la ville entière sera réconciliée aux pieds de la cathédrale. Fredersen sera transformé par cet événement. La lutte des classes annihilée aux termes d'un idéal humaniste?
  Le chef d’œuvre de la science-fiction et du 7ème art sera inscrit dans le registre "Mémoire du monde" de l'UNESCO. C'est le premier film à rentrer dans ce programme dont le but est de sauvegarder et de promouvoir le patrimoine documentaire mondial.

Exposition :

  A aller voir si possible (ensembles si affinités ;) )

- Intégral de fritz Lang
- Conférences
- Rétrospectives "cités futuristes" : 
influences de Metropolis, les villes futures vues par le cinéma.
- Parcours "utopies architecturales"
- Livre, Fritz Lang au travail de Bernard Einsenschitz
- Dialogue avec Bernard Einsenschitz autour de son livre
- En salles : ressorties de Metropolis

Article "Idéal ou cauchemar"

Cités Utopiques en littérature :


* Utopia ou la cité studieuse :  par Thomas More en 1516
- île => pour se déplacer sur l'île il faut une autorisation
- faire renaître les hommes à leur véritable nature
- pas de riches ni de pauvres ; propriété privée et monnaie sont abolies
- chacun travaille 6h par jour (des magistrats élus y veillent), le reste du temps peut être consacré à l'étude et restaurer la rectitude et la pureté données par Dieu
- égalité : mêmes maisons, mêmes vêtements / enfants garçons et filles reçoivent une instruction
- femmes soumises à leurs maris, les enfants aux parents et les plus jeunes aux aînés
- les amours clandestines et adultères sont punis par la loi => les plaisirs droits et honnêtes sont encouragés
- vie familiale et collective
- les malades et les vieillards sont pris en charge par la collectivité (quand ils ne sont pas euthanasiés avec leur consentement)
- l'esclavage existe mais n'est pas héréditaire : sanction d'un crime
- les Utopiens ne font pas la guerre : ils paient des mercenaires pour leur protection
- religion : habitants pieux et tolérants / les prêtres surveillent les moeurs

* La cité du Soleil ou la forteresse de l'Etre  par Tommaso Campanella en 1623
- cité construite en cercles concentriques
- les Solariens doivent être dotés de la complexion physique "permettant d'accomplir le bien spontanément et non comme les hommes mal nés par peur de la loi"
- organisé par un principe trinitaire => 3 princes : 
  .Pouvoir => responsable de la guerre et de la paix, les Solariens vivent derrière 7 murailles
  .Sagesse =>  inscrit toutes les connaissances sur les murailles, les enfants, en jouant, ont tout appris avant d'avoir 10 ans
  .Amour => responsable de la génération et de l'union des hommes et des femmes "en vue d'une bonne race" 
- communisme : abolition de la monnaie, de la propriété privée, de la famille ; la production et la distribution des biens est régie par l'Etat
- vie dirigée par des officiers, des informateurs renseignent l'Etat sur tout ce qui se passe
- religion : le soleil et les astres sont considérés comme des apparitions de Dieu


* Bensalem ou la cité des sciences par Francis Bacon début du XVIIème siècle
- île de Bensalem
- la maison de Salomon (institution la + caractéristique) "a pour fin de connaître les causes et le mouvement secret des choses et de reculer les bornes de l'empire humain en vue de réaliser toutes les choses possibles"
- rapport étroit entre science et puissance
- une armée de chercheurs étudie sans arrêt, ils ont tous les moyens possibles et imaginables et réalisent de vrais miracles : "ils font des conserves alimentaires, volent, vont sous l'eau, fabriquent de l'eau ou de la neige artificielle ..." => créer la prospérité du bien-être, conditions d'une société humaine et tolérante
- système monarchique
- il existe des entreprises privées, la monnaie pour le commerce
- vie de famille encouragée : si + de 30 descendants, considéré comme créancier de la nation
- religion : "l'enthousiasme religieux exclut tout sectarisme" ; moeurs pures, pas de prostitution
- étrangers accueillis à l'écart dans une maison réservée


Cités tentées pour réaliser concrètement l'Utopie :


* Harmonie ou la cité des passions par Charles Fourier en 1829 
- l'aboutissement de la société compte sur les phalanstères
- il faut libérer les passions qui sont toutes bonnes (ce sont des oeuvres de Dieu), les libérer peut transformer les hommes en demi-dieux
- il y a 1600 personnes d'inégalités graduées
- principes : l'association pour la production, la consommation et l'éducation
- travail (organisé selon affinités personnelles) essentiellement agricole
- pas de commerce, l'industrie est secondaire
- minimum décent accordé à chacun

* Le Nouveau monde Moral ou "la manufacture du caractère humain" par Robert Owen entre 1836 et 1844
- communautés ou associations de travailleurs (groupant chacune 500 à 2 000 personnes)
- propriété privée abolie
- seules les différenciations liées à l'âge subsistent
- chaque communauté possède un terrain pour nourrir sa population et le cultive collectivement 
- les machines libèrent les hommes des tâches pénibles et malsaines et produisent des objets utiles
- enfants élevés sans distinction de sexes
- affaires intérieures gérées par les membres de 30 à 40 ans 
- affaires extérieures gérées par un comité de membres âgés de 40 à 60 ans


* Icarie ou la cité communiste comme vraie cité de Jésus-Christ par Etienne Cabet en 1842
- vraie cité de J-C par le respect de la loi de Jésus, fraternité et communauté des biens, y est mis en application
- principe communiste
- pas de révolution pour établir la communauté car vouées à l'échec
- police et justice sont assurés par les citoyens
- industrialisé et mécanisé, supporté par une armée de travailleurs
- famille fondées sur des unions dictées par l'amour, ignore l'adultère
- tous les enfants sont instruits
- égalité des sexes absolue
- tolérance religieuse
Des communautés furent fondées au Texas et en Illinois mais furent un échec.


Voici l'ensemble des cités exemples recensées dans l'article "Idéal ou cauchemar".


Charlène

lundi 14 novembre 2011

Voyage en Icarie

Nous examinâmes ensuite un magnifique plan d'Icara.
- Il est parfaitement régulier, m'écriais-je !
- Oui, répondit Eugène (...)
Voyez ! La ville, presque circulaire, est partagée en deux parties à peu près égales par le Tair ( ou le Majestueux ) dont le cours a été redressé et enfermé entre deux murs en ligne presque droite, et dont le lit a été creusé pour recevoir les vaisseaux arrivant par la mer.
Voilà le port, les bassins, et les magasins qui forment presque une ville entière !
Vous voyez qu'au milieu de la ville, la rivière se divise en deux bras, qui s'éloignent, se rapprochent et se réunissent de nouveau dans la direction primitive, de manière à former une île circulaire assez vaste. Cette île est une place, la place centrale, plantée d'arbres, au milieu de laquelle s'élève un palais enfermant un vaste et superbe jardin élevé en terrasse, du centre duquel s'élance une immense colonne surmontée d'une statue colossale qui domine tous les édifices (...)
Voyez les rues, toutes droites et larges ! En voilà cinquante grandes qui traversent la ville parallèlement à la rivière, et cinquante qui la traversent perpendiculairement (...)
Mais voyez ces masses distinguées par de légères teintes de toutes les couleurs. Il y en a soixante ; ce sont soixante quartiers (ou communes), tous à peu près égaux et représentant chacun l'étendue et la population d'une ville communale ordinaire.
Chaque quartier porte le nom d'une des soixante principales villes du monde ancien et moderne, et présente dans ses monuments et ses maisons l'architecture d'une des soixante principales nations. Vous trouverez donc les quartiers de Pékin, Jérusalem et Constantinople, comme ceux de Rome, Paris et Londres ; en sorte qu'Icara est réellement l'abrégé de l'univers terrestre.
Voici maintenant le plan d'une rue. Voyez ! Seize maisons de chaque coté, avec un édifice public au milieu et deux autres aux deux extrémités. Ces seize maisons sont extérieurement pareilles ou combinées pour former un seul bâtiment, mais aucune rue ne ressemble complètement aux autres.
Et la ville est couverte de jardins, comme vous l'avez vu sur le plan ; car il y en a entre toutes les rues, sur le derrière de toutes les maisons ; et le gazon du milieu est souvent remplacé tantôt par des arbres ou des berceaux, tantôt par des ruisseaux ou même des canaux bordés de jolies balustrades (...)

Extrait du livre Voyage en Icarie par Etienne Cabet, ( socialiste utopiste 1788-1856 ) publié en 1845.
Il crée en 1848 au Texas, une communauté utopique nommé Icarie. Elle fut dissoute la même année à cause de nombreuses maladies qui tuèrent la plupart des colons venus s'installer.

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